Jean Bourré
Jean Bourré, Seigneur du Plessis
(1424 – 1506)
Un serviteur et compère de Louis XI
Vous trouverez dans ce chapitre :
– une biographie succincte de Jean Bourré
– la généalogie de la famille Bourré
– un parcours touristique en Anjou et Mayenne sur les traces de Jean Bourré
L’Histoire n’a guère retenu le nom de Jean Bourré. C’est pourtant une figure emblématique de son temps et un personnage exceptionnel à bien des égards.
Le bourgeois
Qu’une humble bergère de Lorraine prenne le commandement des armées royales de Charles VII et conclue enfin victorieusement la guerre de Cent Ans, voilà qui a certainement dû inspirer le futur Louis XI. De fait, pour conduire sa politique, Louis XI a souvent été chercher ses ministres et dignitaires hors de la noblesse. Cette tactique ambitionnait également de déstabiliser une France féodale et divisée pour la transformer en une France monarchique et unie.
Jean Bourré illustre parfaitement cela. Fils d’un bourgeois de Château-Gontier, “homme d’infime condition” comme le décrit un chroniqueur de l’époque, il est rapidement devenu un inséparable compère et ami du roi. Il occupera les plus hautes responsabilités et gravira tous les échelons sociaux jusqu’au sommet de l’aristocratie française.
L’homme d’affaires
Jean Bourré a amassé une immense fortune, mais celle-ci servait souvent de réserve pour soutenir les entreprises du royaume. Fait remarquable pour l’époque, Jean Bourré semble avoir toujours été d’une grande probité. Sa fortune ne s’est constituée au détriment de personne. Il a par exemple toujours décliné les redistributions de biens confisqués par Louis XI, si courantes à l’époque. Et si cette fortune a suscité quelques inévitables jalousies, elle n’a valu à Jean Bourré aucun ennemi. C’est ainsi que trois rois successifs lui ont maintenu leur pleine estime et entière confiance, ce qui est bien une sorte d’exploit.
Le bâtisseur
De son séjour forcé en Bourgogne et en Flandre, Jean Bourré a rapporté une passion pour l’architecture et les beaux arts. Il a rassemblé durant sa vie une collection d’œuvres réputée, que les châteaux voisins aimaient à emprunter pour leurs manifestations de prestige. Directeur des Constructions royales, il a fait bâtir ou aménager de nombreux châteaux, maisons et églises, dont certains comme Vaux, Langeais ou le Plessis-Bourré sont parvenus jusqu’à nous. Il devint enfin un des plus grands propriétaires angevins de son époque, grâce aux nombreux domaines qu’il acquit en Anjou et Mayenne.
L’alchimiste
A l’instar de Jacques Cœur, son prédécesseur comme grand argentier de Charles VII, Jean Bourré était féru d’alchimie. Le château du Plessis-Bourré est ainsi plein de symboles et de messages codés. Ce trait résume bien notre personnage : puissant, mystérieux et secret. N’y a-t-il rien de surnaturel dans tout cet or amassé si tranquillement ? Et que dire de sa longévité, extraordinaire pour l’époque (82 ans !) ? Ou encore de son influence discrète et efficace sur les puissants, sans jamais se mettre en avant ? Mais si les traces de sa puissance ont traversé les siècles, l’homme, lui, s’est effacé. Il ne nous aura même pas laissé un portrait. Tout juste un vitrail au Plessis-Bourré qui disparut au XIXème siècle (vendu en Angleterre ?) et une peinture apocryphe du XVIIème siècle. A moins qu’on ne l’ait redécouvert, caché dans cette fresque (la mise au tombeau) qu’il avait fait exécuter dans l’église de Jarzé, et que l’on vient d’exhumer ? Encore un mystère !